Valérie Toulet "photographe sensible"

Sur les murs de son appartement, elle a disposé des photographies. Des scènes en noir et blanc saisies par des amis. Mais aucune signée « Val », diminutif de son prénom. « Les miennes, j'en ai plein les tiroirs ». Valérie Toulet a un bref sourire en secouant ses longues mèches brunes. La jeune femme de 35 ans est plutôt discrète. Sa dernière exposition date de 2008, l'année où cette rétive aux nouvelles technologies adopte le numérique : « C'est comme le portable : je n'en ai un que depuis quatre ans » Avec son appareil photo, la native de Capbis traque pourtant depuis ses 15 ans petits riens du quotidien et bizarreries de la nature : la moue boudeuse d'un enfant dans la cour de récréation, une mamie isolée sur un banc, à l'autre bout duquel trois autres font la causette, un rai de lumière sur une porte jaune, cliché qui lui vaut le prix Photofolie en 1995, deux troncs noueux enlacés. Valérie Toulet se forme chez un photographe de Nay. Elle sort de 3e technologique, l'oeil et l'esprit en éveil. Elle dévore les livres et plus tard les expositions à Toulouse, où elle se rend en alternance avec une formation à Gelos. Appareil à l'affût, elle arpente la vallée d'Ossau, surprend les ombres, les reflets, l'instantané, le fugitif, « ce qui échappe aux autres » : comme ce petit chat dans l'échancrure d'un mur. L'image, comme d'autres d'Ossau, est devenue une carte postale toujours en vente. Refusant la mise en scène ou la tentation de retouche du numérique, elle revendique un cliché simple, « le plus naturel possible ». Ces images qui lui ressemblent, elle les expose pour la première fois à 20 ans à la Tanière de Louvie-Juzon. Depuis 3 ans, Valérie Toulet est aussi le témoin du festival de Gavarnie (Théâtre Fébus) et d'une création Les rêves de Louna (compagnie Les pieds dans l'eau de Violette Campo).

Elle rêve d'exposer ses nouvelles photos, qui saisissent l'univers contemporain

 

« Mon regard sur le monde a changé ». Pas sa sensibilité.

KARINE ROBY- La République des Pyrénées – 23 juin 2010

Photo : Bruno Spiesser